Cycles 2, 3, 4, Lycée Musée des Beaux-Arts de Caen
La nature morte, au sens générique du terme, est un genre pictural. C’est également un terme attribué à toute représentation d’objets inanimés, de fleurs, de fruits, de légumes, de poissons ou de gibiers. La vanité est une catégorie de la nature morte. Elle désigne une œuvre représentant différents éléments symboliques dont l’association évoque le caractère éphémère de la vie et la fragilité des choses matérielles. La vanité transmet un message moral ou spirituel à l’observateur qui est invité à renoncer aux plaisirs existentiels et à modérer ses passions. Le terme vanité est issu du latin vanitas (dérivé de vanus, vide) signifiant littéralement « état de vide ».
Les premières natures mortes connues remontent à l’Antiquité. Ces peintures n’avaient pas la dimension symbolique que l’on attribue aujourd’hui à la vanité. Elles permettaient de mettre en évidence la beauté des choses ainsi que la virtuosité du peintre dans l’art d’imiter la nature. Certaines d’entre elles ont pu être conservées (fresques de Pompéi) tandis que d’autres ont subsisté à travers la description que certains auteurs grecs en ont faite. Pline l’ancien (23-79) évoque ainsi le peintre Zeuxis qui « apporta des raisins peints avec tant de vérité, que des oiseaux vinrent les becqueter (…) » (Histoire naturelle, livre 35).
Ce genre pictural fut oublié pendant toute la période médiévale, puis remis au goût du jour par les artistes italiens de la Renaissance. Giorgio Vasari dans Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550) utilise l’expression « cosi naturale » (les choses naturelles) pour désigner les natures mortes ornementales de Giovanni da Udine. La référence à la mort présente dans l’expression actuelle n’apparaît pas encore.
L’origine de l’expression nature morte viendrait des Pays-Bas où, autour de 1650, les peintres parlent de still-leven pour décrire les œuvres de l’artiste Evert Van Aelst (Delft 1602-1657). Littéralement, cette expression peut se traduire par « nature immobile ». Elle est à l’origine du terme stillevens, qui désigne en néerlandais actuel une nature morte. Elle trouve également sa traduction anglaise dans l’expression still-life qui renvoie quant à elle à l’idée de nature silencieuse.
En France, André Félibien établit en 1667 une hiérarchie des genres picturaux dominée par la peinture d’histoire. Il établit que les œuvres représentant des « choses mortes et sans mouvement » y occupent la dernière place. C’est seulement en 1756 que l’expression nature morte, telle que nous la concevons aujourd’hui, semble être utilisée pour la première fois pour désigner les œuvres de Chardin alors très en vogue au Salon parisien (René Démoris, Pouvoirs de l’image, Topic, n°53, 1994, Dunod).
En revanche, dans les Pays-Bas du nord, où la nature morte est un genre pictural très apprécié, les peintres développent et perfectionnent l’art de la vanité (en néerlandais vanitas stillenven) dès le début du XVIIe siècle.